
Le Monde, le 27 décembre 2018 / Hélène Sallon
En Irak, l’eau ne coule plus dans le « jardin d’Éden »
« Au confluent du Tigre et de l’Euphrate, sécheresse et salinité ont eu raison des marais irakiens, poussant les habitants à l’exode. Depuis le hublot de l’avion qui relie Bagdad à Bassora, la métropole à l’extrémité sud de l’Irak, l’ampleur de la catastrophe qui frappe « le pays entre les fleuves », l’ex-Mésopotamie, se déroule sous nos yeux. Ici, ce ne sont pas les destructions laissées par la chute du « califat » autoproclamé de l’organisation État islamique (EI) sur les territoires du nord et de l’ouest du pays qui retiennent l’attention. Mais la catastrophe climatique déjà à l’œuvre dans l’ancien Croissant fertile. Sous l’effet d’une quasi-sécheresse qui a sévi durant l’été, les lits du Tigre et de l’Euphrate, qui serpentent jusqu’au golfe Arabo-Persique, se sont rétractés pour ne laisser, à certains endroits, que de vastes taches blanches de sel sur le désert ocre. «